30. Faut-il vous l’emballer ?

continuité 30

 

 

 

FAUT-IL VOUS L’EMBALLER ?

 

 

Présidant la réunion de ses ministres dans les locaux médiocres et plutôt mal tenus du Parlement, le président Obomi s’efforçait d’accommoder son œil valide sur ceux qui l’entouraient. Il y avait une petite tache où sa vision se brouillait en points et en striures courbes. Les docteurs parlaient d’un traumatisme rétinien, de greffe du nerf optique et déploraient qu’il fallût un mois de convalescence au cas où ils opéreraient. Il trouverait peut-être, maintenant un mois à perdre. Du moins, il l’espérait.

À sa gauche, étaient Ram Ibusa et Leon Elai. Plus loin Kitty Gbe était assise à côté de Gideon Horsfall. À l’autre bout de la table, Elihu Masters faisait face au président. Les représentants de la GT, conduits par Norman House, étaient alignés à sa droite, de l’autre côté de la table.

« Alors ? » finit par dire le président.

Norman se passa la langue sur les lèvres et repoussa sur la surface brillante de la table une épaisse pile de documents imprimés sur papier vert de Shalmaneser.

« Tout ira bien », dit-il, et il se demanda ce qu’il aurait bien pu faire faute de pouvoir prononcer cette simple phrase.

« Vous n’avez aucun doute, Norman ? » demanda Elihu.

« Je… Non. Aucun. Et je pense que personne d’autre n’en a. »

Terence, Worthy et Consuela firent tous non de la tête. Leur visage avait une expression unanimement absente, aussi absente que la preuve qui leur aurait donné raison.

« Ainsi, nous pensons que je projet est réalisable », dit le président, « mais est-il nécessaire ? Votre avis, Leon ? »

Le docteur Leon Elai feuilletait également une épaisse pile d’imprimés sortis de Shalmaneser. Il dit : « Zad, je n’ai pas l’habitude de travailler sur un matériel aussi considérable. J’ai à peine eu le temps de le lire. Mais j’en ai tiré une sorte de résumé, et… »

« Je vous écoute. »

« Le problème immédiat est la situation vis-à-vis de nos voisins. » Léon Elai sortit une feuille manuscrite d’entre les pages vertes. « Il est très probable que pendant les deux premières années environ, ils nous accuseront de nous vendre au néo-colonialisme. Après quoi, la nécessité économique qui les poussera à s’intéresser aux aspects secondaires du projet, comme la recherche de contrats à l’étranger pour des produits qui se révéleront dès lors moins coûteux chez nous que partout ailleurs sur le continent, atténuera leur virulence. Sans compter la possibilité de se raccorder à notre réseau électrique et à des conditions avantageuses. Et dans dix ans au plus, selon le rapport, ils auront accepté le fait.

« L’opposition des Chinois et des Égyptiens sera sans doute plus sérieuse et plus tenace. Mais nous pouvons compter sur l’appui de l’Afrique du Sud, du Kenya, de la Tanzanie… Voulez-vous la liste complète ? »

« Dites-nous comment les forces s’équilibrent. »

« Il semble qu’il n’y ait aucun risque d’intervention étrangère capable d’arrêter le projet, à moins qu’un pays ne soit prêt à lancer sur nous une attaque massive par missile. Et la probabilité de représailles des Nations unies pour un tel crime est de quatre-vingt-onze pour cent. » Une nuance d’étonnement craintif altéra la voix d’Elai, comme s’il était surpris de parler en ces termes des Affaires étrangères de son pays.

« Très bien. Donc, nous pouvons nous estimer à l’abri de la jalousie des autres peuples. » L’œil d’Obomi se dirigea sur Ram Ibusa. « Ram, je suis inquiet de l’effet de cet énorme afflux d’argent sur notre économie précaire. Allons-nous, nous aussi, connaître les tourments de l’inflation, des inégalités de revenus, et d’une fiscalité déséquilibrée ? »

Ibusa secoua vigoureusement la tête. « Avant d’avoir vu ce qu’en disait cet ordinateur, moi aussi, je le craignais. Mais maintenant, je crois que nous pouvons maîtriser tous ces problèmes, si toutefois nous pouvons compter sur l’assistance de la GT en ce qui concerne le traitement de l’information. Ce qui ressort de tout cela, c’est que nous avons, pour la première fois dans l’histoire, la possibilité de contrôler directement l’économie d’un pays. Il n’y aura pas d’impôts au sens traditionnel du terme ! »

Il compulsa son propre dossier.

« Il y aura un premier prêt auquel le gouvernement américain contribuera pour 51 %. À partir de là, nous consentirons nous-mêmes des prêts, dont une partie à des sociétés d’investissements. Les intérêts serviront à financer les postes suivants : distribution de rations alimentaires, vêtements gratuits pour tous les travailleurs et les enfants scolarisés, et enfin amélioration de l’assistance médicale. Les familles percevront également une allocation destinée à être consacrée exclusivement, aux termes d’une loi, à des réparations et à des aménagements du logement.

« Mais le coût du projet sera dès le départ trois fois supérieur à notre PNB. Rien qu’en contrôlant cet argent, nous contrôlons directement, d’après l’ordinateur, une proportion de l’argent qui circule dans le pays plus élevée que dans toute autre nation.

« En mettant les choses au pire, le Béninia bénéficierait encore de la disparition de la famine et d’une amélioration substantielle de la santé individuelle et de l’hygiène publique. Et ceci, même dans le cas où les dividendes envisagés pour les opérations prévues parviendraient tout juste à couvrir les intérêts garantis sur le prêt initial.

« Beaucoup plus vraisemblablement, nous bénéficierons d’un niveau très élevé d’éducation et de formation professionnelle, de meilleurs logements, de meilleurs transports, d’installations portuaires, d’équipements collectifs, de constructions scolaires, et j’en passe. Et surtout, pour la première fois dans notre histoire, l’électricité entrera dans chaque foyer. »

Sa voix s’éteignit en un murmure et son regard se fixa dans le vide où son rêve prenait forme.

« Lorsque vous dites qu’il n’y aura pas d’impôts, Ram », dit Obomi sèchement, « vous voulez dire que les prix seront contrôlés et que l’impôt sera prélevé à la source, sur les revenus ? Cela impliquerait un lourd appareil de contrôle et j’ai toujours évité d’imposer un tel appareil à mon peuple. »

« Ce ne serait pas nécessaire », reprit Ibusa après un instant d’hésitation.

« Comment donc ? »

« Supposons que le taux d’inflation s’établisse à son niveau probable de cinq pour cent dès la première année, dit Ibusa. Nous absorberons une masse de pouvoir d’achat équivalente à celle qui aurait entraîné une augmentation de dix pour cent des prix. Et cependant, le niveau de vie s’élèvera très sensiblement du fait des distributions gratuites et des prêts ; le coup de frein passera inaperçu. Nous serons donc en mesure de délivrer l’année suivante un excédent de pouvoir d’achat, quand les gens auront commencé à s’habituer à leur prospérité nouvelle. Mais dans l’intervalle, nous aurons prêté l’argent ainsi soustrait et il aura fait des petits, nous permettant d’en conserver une partie, et ainsi de suite. Au bout de vingt ans, lorsque le gros œuvre du projet sera achevé et que tout fonctionnera, ce fond d’épargne, ou plutôt de pouvoir d’achat mis de côté, nous servira à racheter tout ce qui se trouvera encore hypothéqué et que nous estimerons nécessaire au développement du pays dans l’indépendance. Nous pourrions racheter les nouvelles installations portuaires, le réseau d’électricité, par exemple, ou toute autre chose, mais nous aurons assez d’argent pour bien choisir. »

Il eut soudain un large sourire.

« Kitty ? » dit Obomi.

Le ministre de l’Éducation hésita. Puis elle dit : « J’ai fait de mon mieux pour voir ce dont nous aurions besoin pour faire de notre peuple la main-d’œuvre expérimentée dont parlent nos amis américains, et je leur ai demandé de mettre leur ordinateur là-dessus. La machine dit que nous pouvons obtenir trois fois plus que ce que nous demandons, mais je ne vois pas bien comment ! »

« Si je me souviens bien », dit Norman, « vous avez proposé de tripler le nombre des enseignants afin d’ajuster les conditions de la scolarité aux exigences du monde moderne. Vous avez proposé d’agrandir l’école d’administration qui existe déjà et d’en faire une université nationale qui pourra recevoir dix mille étudiants, le reste de la formation technique étant assurée sur le tas au contact de professionnels. Or, si j’en crois ce que dit Shalmaneser, vous n’avez pas idée de ce dont vous disposez. Vous avez oublié que l’enseignement acquis peut se transmettre aussitôt. Admettons que les enfants capables d’assimiler un enseignement supplémentaire ne dépassent pas dix pour cent de l’ensemble ; cela signifie malgré tout que dans chaque classe de quarante enfants, ils seront quatre à pouvoir décharger le maître d’une partie de son travail et à assurer l’instruction des plus jeunes, à l’exception du degré immédiatement inférieur. Les grands de treize ans peuvent bien passer une heure à compléter l’instruction des dix-onze ans. L’autre jour, tout à fait par hasard, j’ai rencontré dans un hameau au bord de la route de Lalendi, un garçon nommé Simon Bethakazi. Tu te souviens, Gideon ? »

« Celui qui m’a posé cette méchante question sur les Chinois en Californie ? » dit Gideon.

« Exactement. Si on lui en donne l’occasion, dans trois ans, ce garçon pourra faire la classe à quarante de ses camarades moins âgés. Et précisément parce qu’il ne leur enseignera rien qu’il ne sache déjà, il se retrouvera à même de poursuivre ses études – peut-être plus lentement qu’en Europe ou en Amérique, mais cela ne rallongerait que d’un an le cycle normal de trois ans – au niveau du secondaire.

« En plus, nous envisageons de faire appel à des conseillers étrangers et à des professeurs généreusement payés, mais qui ne coûteront rien à vos contribuables, pour la bonne raison que ce seront des gens de la GT qui, en plus de leur travail pour le projet, auront à remplir certaines tâches obligatoires d’enseignement. Ceux qui n’accepteront pas, nous les renverrons chez eux. D’autres, au contraire, en seront ravis parce qu’ils auront l’occasion de transmettre un savoir qui, chez eux, leur est ôté des mains par l’automation. Shalmaneser a emmagasiné les résultats des sondages effectués en Europe, et il estime que nous pouvons compter sur un minimum de vingt-cinq mille conseillers convenablement qualifiés.

« Et il y a encore une chose que vous avez oubliée dans vos calculs, Kitty. » Norman hésita. « Je pense que la faute en est à votre modestie, mais parfois la modestie est un défaut. Monsieur le président, puis-je vous faire un compliment qui sans doute vous paraîtra de la flagornerie mais qui, je vous l’assure, est parfaitement sincère ? »

« Elihu vous dira que je suis aussi vaniteux que n’importe qui », dit Obomi avec un petit rire.

« Je dois dire que lorsqu’il m’a parlé pour la première fois de votre pays, j’ai été sceptique. Je ne comprenais pas comment un petit lopin de terre déshérité pouvait provoquer son enthousiasme. Je ne comprends d’ailleurs toujours pas ! Mais voilà ce que je sais : ici, le meurtre et les amochages sont inconnus, la colère est un sujet de moquerie, les tribus ne jouent pas à la guerre, et l’émeute est ignorée, bref rien de tout ce qu’impose la vie dans un pays soi-disant mieux loti. Certes, votre peuple est pauvre, parfois affamé, souvent malade, il vit dans des huttes précaires et gratte le sol de ses araires de bois tirés par des vaches maigres… Mais, par la barbe du prophète, je sens bien qu’au moment même où je le dis, cela n’a pas de sens ! Mais ce que je regrette – je ne le regrette pas vraiment – c’est que les marchands d’esclaves se soient tenus à l’écart du Béninia. Parce que je serais assez fier que mes ancêtres africains soient d’origine shinka. »

Tout était dit. Légèrement haletant, Norman guetta une réponse dans l’assistance. Elihu opinait comme un bouddha bienveillant, comme s’il avait espéré l’entendre parler ainsi. Les ministres échangeaient des sourires embarrassés. La seule personne de sa propre équipe qu’il pouvait voir sans se tordre était Derek Quimby, au bout de la rangée. Le petit linguiste grassouillet exprimait une approbation enthousiaste, et ce n’était pas le genre de réaction qu’on aurait attendu d’un Blanc au Béninia.

Obomi prit la parole : « Merci, Norman. J’apprécie. C’est bien ainsi que je vois mes compatriotes, et cela me réjouit de voir des étrangers reconnaître des faits qui, sinon, ne seraient que le reflet de mon esprit de clocher. Bon, nous sommes tous bien d’accord ? »

Chacun exprima son assentiment.

« Parfait. Je demanderai au Parlement de ratifier le projet dès que possible. À ce moment-là, vous ferez le nécessaire pour le prêt et pour votre campagne de recrutement. Vous ai-je bien compris, Norman ? »

« Oui, Monsieur le président », dit Norman.

 

En sortant de la pièce, Gideon Horsfall le rejoignit avec des mines de conspirateur.

« Qu’est-ce que je t’avais dit ? » dit-il. « Que le Béninia te digérerait ! Et tu viens de te faire digérer ! »

Tous à Zanzibar
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